BIAIS DE CONFIRMATION ET APPRENTISSAGE : COMPRENDRE CE QUI FREINE L’ENVIE DE SE FORMER
Il vous est peut-être déjà arrivé de chercher une information… et de ne retenir que celle qui confirmait ce que vous pensiez déjà. Ou bien, de lire un article, d’écouter un retour d’expérience, puis de l’écarter aussitôt, car il ne collait pas à votre vision. Ou encore d’hésiter à vous inscrire à une formation, simplement parce que son intitulé vous déstabilise un peu.
Ce réflexe n’a rien d’exceptionnel.
Il n’est ni une preuve de paresse, ni un manque de curiosité. Il s’agit simplement d’un automatisme bien connu en psychologie cognitive : le biais de confirmation : cette tendance naturelle que nous avons à chercher, à retenir, et à interpréter les informations de manière à valider ce que nous croyons déjà.
Ce mécanisme, aussi subtil que puissant, répond à une intention saine : protéger notre équilibre mental. Il nous aide à conserver une cohérence intérieure, à éviter la dissonance, à préserver nos repères. Mais il peut aussi devenir un frein silencieux dans tout processus d’évolution. Autrement dit : le biais de confirmation et l’apprentissage ne font pas bon ménage !
En effet, si nous filtrons le réel pour ne garder que ce qui nous rassure, que reste-t-il de la découverte, du doute fertile, de la confrontation bienveillante aux idées neuves ? Comment apprendre, si chaque nouveauté est immédiatement neutralisée par un système de pensée déjà en place ?
BONJOOR ! Au programme de cette édition :
1 – Le cerveau, ce faiseur de vérités sur-mesure,
2 – Interroger ses certitudes, un acte de lucidité,
3 – Le doute comme muscle du changement,
4 – Parce que se former c’est aussi désapprendre
5 – Le mot de la fin.
1- LE CERVEAU, CE FAISEUR DE VÉRITÉ SUR-MESURE
« Le cerveau adore avoir raison. Même quand cela l’empêche d’évoluer. »
Le biais de confirmation fait partie de ces mécanismes discrets qui régissent notre rapport au monde sans que nous en ayons pleinement conscience. Il agit comme un filtre invisible, en sélectionnant, parmi l’ensemble des informations auxquelles nous sommes exposés, celles qui valident nos croyances existantes.
Ce tri n’a rien d’illogique. Il évite la surcharge cognitive, limite les doutes, maintient une forme de cohérence entre ce que nous pensons, ressentons et faisons.
Mais dans le cadre d’un apprentissage, d’une reconversion ou d’un changement de trajectoire, ce mécanisme peut s’avérer contre-productif.
Prenons quelques exemples concrets.
Un adulte en reconversion qui pense être « nul en outils numériques » aura tendance à ignorer les formations qui pourraient lui apporter des compétences concrètes.
Quelqu’un convaincu que « se former à son âge n’a plus de sens » consultera surtout des contenus qui vont dans ce sens.
Et même les réussites de son entourage pourront être discréditées : « Oui, mais elle, c’est différent… »
Dans chacun de ces cas, le cerveau cherche à protéger une croyance installée. Mais ce faisant, il empêche l’intégration d’une information nouvelle – parfois essentielle à l’évolution personnelle ou professionnelle.
2 – INTERROGER SES CERTITUDES, UN ACTE DE LUCIDITÉ
« Ce n’est pas parce que tu le crois que c’est juste.
C’est juste parce que tu le crois. »
Prendre conscience de ce biais ne suffit pas à le désactiver, mais cela ouvre un espace.
Un espace dans lequel le doute redevient possible. Un doute sain, fertile, qui ne paralyse pas, mais interroge.
C’est tout l’enjeu du lien entre biais de confirmation et apprentissage : comprendre comment nos certitudes mentales peuvent limiter notre capacité à évoluer.
Voici quelques questions pour amorcer ce travail d’observation intérieure. Elles n’ont pas vocation à apporter des réponses immédiates, mais à créer un léger déplacement du regard :
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Quelle est la croyance que je répète le plus souvent en ce moment ?
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Est-ce une idée qui m’aide à grandir… ou à rester dans ce que je connais ?
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Cette idée est-elle réellement la mienne, ou l’ai-je héritée de mon entourage, de mon passé, de mes échecs ?
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Qu’est-ce qui, dans mon quotidien, vient discrètement la renforcer ?
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Que se passerait-il si, pour un instant, j’envisageais de croire l’inverse ?
Ces questions sont des invitations. Non pas à changer brutalement, mais à faire un pas de côté.
À laisser une fêlure dans la logique bien huilée de vos certitudes. Et à observer ce qui s’y glisse.
3 – LE DOUTE COMME MUSCLE DU CHANGEMENT
« Et si le doute était un muscle ? »
Dans une société qui valorise la maîtrise, les convictions et la clarté des opinions, le doute a mauvaise presse.
Souvent perçu comme un signe de faiblesse ou d’indécision, il est pourtant, dans toute démarche de formation, un point d’appui précieux.
S’autoriser à douter, ce n’est pas perdre pied.
C’est reconnaître qu’il existe un écart entre ce que l’on croit savoir… et ce que l’on peut encore découvrir.
Et dans le lien entre biais de confirmation et apprentissage, le doute joue un rôle essentiel : il agit comme une ouverture, une faille constructive dans nos certitudes.
Car pour apprendre, il faut parfois désapprendre.
Et pour désapprendre, il faut oser remettre en question ce que l’on pensait établi.
Voici quelques gestes simples pour entraîner ce muscle mental :
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Lire un article ou écouter un point de vue opposé au vôtre, en vous demandant : Et si ce n’était pas complètement faux ?
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Observer les situations qui vous irritent ou vous mettent en inconfort : souvent, elles pointent un filtre mental rigide.
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Essayer une action inhabituelle, même minime : participer à un atelier, tester un outil, poser une question, sans attendre un résultat.
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Dialoguer avec une personne qui ne pense pas comme vous… en cherchant à comprendre, non à convaincre.
Ce sont de petits décalages, mais leur effet cumulé peut grandement faciliter la rencontre entre biais de confirmation et apprentissage, en rendant vos idées plus souples, et vos décisions plus libres.
4 – SE FORMER C’EST AUSSI DÉSAPPRENDRE
« Grandir, ce n’est pas accumuler.
C’est laisser tomber des morceaux de soi qui ne servent plus. »
On associe volontiers l’apprentissage à l’acquisition : celle de savoirs, de compétences, de méthodes. Pourtant, toute démarche de formation véritable implique aussi un travail de désapprentissage. Il s’agit d’abandonner certaines idées reçues, de mettre à distance des automatismes de pensée, de se délester de ce qui, un jour, nous a protégés mais qui aujourd’hui nous freine. Ce processus n’est pas toujours confortable : il peut faire surgir des résistances, des doutes, une fatigue mentale ponctuelle. Mais il est profondément libérateur. Apprendre, ce n’est pas seulement empiler du neuf : c’est aussi faire de la place. Dans ses idées, dans ses habitudes, dans son regard sur soi. Et parfois, il suffit d’un doute bien placé pour que la transformation commence.
Voici quelques gestes simples pour commencer ce travail intérieur, à votre rythme :
- Nommer ce que vous croyez sur vous-même, comme on nomme un personnage : « Il y a une partie de moi qui pense que… » → Cela crée une distance, une possibilité d’en discuter plutôt que de subir.
- Revisiter vos “toujours” et vos “jamais” : chaque fois que vous dites « j’ai toujours été comme ça » ou « je ne ferai jamais ça », posez-vous la question : est-ce encore vrai aujourd’hui ?
- Demander un contrepoint bienveillant : interrogez une personne de confiance sur une croyance que vous avez sur vous. Parfois, l’autre voit déjà ce que vous ne voyez plus.
- Faire une micro-expérience inverse : testez l’inverse de votre croyance dans un contexte sécurisé. Si vous pensez que vous êtes “mauvais orateur”, prenez la parole dans un cercle de proches. Si vous vous sentez « trop vieux », notez les choses que vous faites aujourd’hui que votre “vous d’avant” n’aurait jamais osées.
LE MOT DE LA FIN :
Le biais de confirmation agit comme un pilote automatique : il vous pousse à chercher ce que vous connaissez déjà, à valider ce que vous croyez savoir, à éviter ce qui pourrait tout remettre en question.
Mais se former, c’est précisément reprendre les commandes.
C’est choisir, en conscience, de confronter ses idées à d’autres, de laisser de l’espace au doute, d’oser aller là où l’on n’a pas encore de réponse.
Comprendre le lien entre biais de confirmation et apprentissage, c’est reconnaître que toute formation commence d’abord par une ouverture intérieure. Un mouvement discret, mais décisif.
Alors, asseyez-vous un instant. Respirez.
Et s’il était temps de voir les choses autrement ?
Chaque formation, chaque nouveau savoir, chaque rencontre avec un point de vue différent, est une occasion de reprogrammer vos certitudes.
Non pas pour tout effacer, mais pour élargir vos repères.
Et c’est là que l’apprentissage commence vraiment.
BONJOOR ! On va se former ?
Victoria.